Numéro 59
Octobre 2014
SOLEFALD
World Metal. Kosmopolis Sud
Label : Indie
Recordings
Dans les
pages du numéro 57, je vous avais parlé du dernier ep du groupe, Norrønasongen. Voici l’album qui suit
ce parcours musical si atypique des Norvégiens. Solefald créé et propose son World Metal assez hallucinant. Comment
qualifier cet opus en quelques mots : épique, nordique, folklorique,
sonorités africaines, mélodies froides de l’électro, de très rares touches et
atmosphères relevant de l’esprit du black metal, beaucoup de mélodies orientées
prog. Album avant-gardiste, fusion et vision intéressantes de ce qu’est le
World Metal de Solefald. A découvrir
absolument !
Boris
MELLINO [Fra] Live CD (A.I.M Prod) 2014
Encore
un groupe live vraiment chouette à regarder que MELLINO, en voici déjà la
preuve audio sous la forme de ce CD qui contient de nombreux extraits de
l’excellent second album No dogs aqui (Saison amère, Métèque à 100%, Os à
ronger, Gangster boogie, Passe la pince…) mais aussi, forcément, quelques
morceaux des NEGRESSES VERTES (Zobi la mouche, Sous le soleil de Bodega…). Le
spectre musical qui s’étend du blues rocailleux aux sonorités hispanisantes, de
la chanson festive au road-rock, fait de MELLINO un groupe d’empêcheurs
d’écouter en rond, pas question de se lasser pendant les presque cinquante
minutes de programme, et même qu’on se fera un plaisir de retourner les voir à
la prochaine occasion. Vous devriez faire de même en cas de manque de soleil
dans votre lecteur de bruit.
Ged
H-ONE
[Fra] Cygne II CD (Wax Prod) 2015
Deuxième
cygne de vie d’un groupe dont on avait déjà parlé l’année dernière dans le
Tafeur, ce disque livre ici un impressionnant recueil de metal moderne et
méchamment heavy enregistré au studio Antistatic de Toulouse, on ne peut pas
vraiment s’empêcher de penser parfois au thrash / death contemporain des GOJIRA
mais aussi au hardcore des plus métallique mais ce n’est pas pour autant que le
groupe fait dans la copie, il livre même une oeuvre personnelle aux
préoccupations écologiques comme l’indiquent les morceaux Salt war, Black cloud
ou encore Mother (dont a été tourné un clip réussi…) et à l’habillage soigné
(couv’ signée Gwen Vibancos, digipak classe). A conseiller aux sauvages
chevelus en manque de nouvelles sensations.
Ged
TORCHE - Restarter (Relapse)
2015
Les Floridiens
aiment bien jouer avec le feu et n’ont pas peur de se brûler. Comprenez par là
que ça ne les intéresse pas de refaire deux fois la même chose, quitte à perdre
quelques fans en route. Chaque album est donc une sorte de nouveau départ et le
titre de celui-ci, Restarter, leur
quatrième LP, aurait pu coller dès le deuxième, le titanesque Meanderthal. Dernièrement ce sont les
dignes détenteurs de la flamme d’un style de musique plutôt incongru : le
sludge pop. Vas-y que je t’envoie du gros riff heavy sur du chant plus
mélodique, gorgé de soleil. Les gars jouent parfois en concert habillés de
chemises à fleurs, autant dire qu’ils se moquent un peu de tout mais jamais de
nous. Encore moins concernant l’artwork et le packaging, qui comme à chaque
fois sont de véritables œuvres d’art. Ils seront bientôt en France, notamment
du côté de Nîmes pour le TINALS, ne les ratez pas.
Circus
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Octobre 2014
Eightfist - CD promo 2013
Eightfist est un
groupe formé par Nelly (ex Eths,
The Glorious Bruce…) et John (qui
officient aussi tous deux dans un autre
projet « Nel Wood And The
Charlatans » plus axé dans le
rockabilly, mais ça c’est une
autre histoire). Ils sont accompagnés de Ben à la basse et d’Hugo à la batterie. Ce CD promo a été enregistré par Romain (Seelentod) dans les studios de la Secret
Place TAF, qui en plus d’organiser des concerts et de louer des locaux de
répétitions, propose aussi des enregistrements pour les groupes locaux à des
prix raisonnables.
Finissons-en avec les présentations et
abordons de ce pas ce CD, qui rappellera sûrement des souvenirs à certains … Ainsi, juste après l’intro démarre le morceau «Caveman » qui nous projette en
plein milieu des 90’s. La voix de Nelly m’évoque celle de « Gwen Stefani » du groupe « No Doubt ». Ce n’est pas un reproche, bien au contraire, j’ai
toujours considéré que cette dernière était une bête de scène mais surtout une
artiste hors du commun qui avait (toujours ???!!) une superbe façon de
chanter.
On reste en pleine ambiance 90’s, avec «
Dressed To Kill », sur lequel on ressent
une légère influence du groupe « Pearl Jam » avec son titre « Even Flow ».
Sur «Like A Lie» et le très énergique « Voiceless », Nelly nous fait une
belle démonstration de ses talents de chanteuse de Metal extrême en alternant chant clair et growl.
L’avant dernier morceau du CD, « Spare The Rode » me rappelle certaines sonorités du groupe PRIMUS, autre pointure des 90’s.
Le titre « Supernova »
est dans la même veine que les 7 autres morceaux de cet album, qui devrait, à
n’en pas douter, ravir les fans de Grunge, Fusion et bien sûr Metal .
Pour terminer, si
vous avez envie de passer un moment sympa en écoutant de la bonne musique, je vous invite à aller découvrir Eightfist en
live. J’y retournerai d’ailleurs avec plaisir, ne serait-ce que pour revoir ma pote Nelly déguisée en
« cheerleader »…
Seb Kickass
Tafeur 56
Les chroniques CD bonus
NO MORE
LIES - In the
shade of expectation - (Bcore)
2014
Plus de
mensonges ? Vaste programme qu’on aimerait voir appliqué pour de vrai, en
politique par exemple ! Pour ce qui est de la musique, il n’y a par contre
pas de tromperie sur la marchandise avec ces Espagnols, on peut leur faire
confiance les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes. Plutôt discrets,
trop même, voilà que débarque cet album sans qu’on l’attende. Pour ceux qui ne
les connaissent pas, NO MORE LIES c’est le groupe de Santi Garcia, sorte de
Steve Albini ou Jay Robbins catalan : un guitariste / chanteur / ingénieur
/ magicien du son. La ressemblance avec Jay R. est d’autant plus forte que
Jawbox est l’une des principales influences du groupe, avec une approche
davantage punk rock, plus mélodique et entraînante mais tout aussi dissonante.
+ d’infos sur http://www.bcoredisc.com
Circus
FU MANCHU - Gigantoid - (At The
Dojo) 2014
On parle beaucoup
trop de Kyuss et des Reines de l’âge de pierre et pas assez de FU MANCHU à mon
goût. Pourtant ça fait près de 25 ans que les Californiens nous balancent régulièrement
des skeuds, même si celui-ci, le onzième, a mis un peu de temps à arriver (5
ans). Comme les autres, Gigantoid est
rempli à ras-bord de gros riffs fuzziesques, de solos, le tout mélangé à une
énergie punk hardcore, histoire de varier les rythmes et les plaisirs. Parce
que le groupe n’a jamais oublié ou renié ses racines, qui sont davantage Black
Flag et la culture skate que Black Sabbath, ce qui leur permet de ne pas
ressembler à un énième clone stoner.
+ d’infos sur http://www.fu-manchu.com
Circus
LE SKELETON BAND [Fra] La Castagne CD (Autoprod) 2014
Après
l’excellent deuxième album Bella mascarade qui avait valu au groupe une
apparition à Bourges et la diffusion du disque sur les grandes ondes, La
Castagne, "carnaval de la baston" selon les mots des artistes
eux-mêmes ou caravane Freaksienne où règne comme on s’y s’attendait une saveur
cabaret absurde et rêveur qui chanterait pour tous les temps, et tous les gens,
surtout les cassés, les brisés par la vie, s’avère être une autre très belle
pièce d’un puzzle pas prêt d’être terminé par ceux qui auraient la mauvaise
idée de vouloir y coller une étiquette, ici on vogue sur une eau agitée, ou
pas, c’est selon le bon vouloir du capitaine Skeleton, qui ne fait jamais rien
comme tout le monde, c’est bien pour ça qu’ici on l’ADORE.
http://www.leskeletonband.com/
Stuntman [Fra] Incorporate the excess Cassette (Lost Pilgrims Recs) 2014
Douze ans déjà que Stuntman sévit sur disque et sur scène, et ce Incorporate the excess contient un grinding noise hardcore dissonant et brutal, méchant et torturé, qui donne envie de se maudire à la pensée que l’on loupe systématiquement depuis le début, et ce pour une raison ou une autre, les prestations de ces fabuleux sétois. Parce que quand on se mange ces six bourre-pif d’affilée dans la gueule (pour un peu moins d’une demi-heure de programme), on se dit que ça doit forcément être du genre athlétique !! La batterie est particulièrement impressionnante avec la puissance de feu d’un croiseur, mais le reste du groupe n’est pas en reste, en particulier un hurleur particulièrement efficace. 120 copies de cette cassette (soixante blanches, soixante noires) ont été sérigraphiées par les grands messieurs de Mad Series au Subsonic, ce qui en fait un pur objet de culte: magnifique (l’emballage tue tout) et immanquable. Bon, sinon, pour ceux qui ont paumé le ghetto-blaster, l’album est aussi disponible en format CD et LP.
Man is not a bird [Fra] / Puzzle [Fra] Split MCD
(Voxproject) 2014
Man is not a bird entame le split avec une composition
sans paroles de quatre minutes (Les Sons du printemps) de type arachnéen,
rythmes et mélodies se télescopant gentiment en un schéma complexe mais presque
dansant, ne crains donc pas, prude âme littéraire, le "math" du
"math-rock" indiqué ici et là, car il n'est une fois de plus qu'un
truc rébarbatif qui ne signifie rien à part "tiroir stylistique de plus à
l'usage des étiqueteuses de supermarché". Avec Nothing but the rain
(2012), Puzzle avait déjà montré ses capacités en matière de ce qu'il appelle
le post rock, voici venir un très beau morceau instrumental de plus de dix
minutes où mélancolique, onirique et contemplatif valsent peinard dans un trip
complètement cinématographique, on se surprend à inventer des images perchées
qui vogueraient sur ces guitares tout en arabesques. Trippant.
http://manisnotabird.bandcamp.com/album/man-is-not-a-bird-puzzle-split-cd
Saison de Rouille [Fra] Déroute sans fin CD (Autoprod) 2014
Inquiétant. C’est le
premier adjectif qui vient à l’écoute de cet album. Déroute sans fin est un
alliage glacial et oppressant de metal, de hardcore et d’industriel, pourquoi
pas d’ailleurs un descendant francophone (plus organique) des premiers Godflesh
qui combinaient déjà à l’époque extrême lourdeur, rythme souvent martial et
ambiance lugubre ? Dense à faire peur, l’album est dur à décortiquer, un peu
comme une boule de fil d’acier barbelé rouillé ET acéré du centre de laquelle
on voudrait extraire quelque chose tombé là malencontreusement. On ajoute que
les textes travaillés en français changent un peu du minimalisme ambiant et souvent
anglophone. Avec un travail titanesque comme celui-ci, il faudrait juste
prendre cinq minutes pour m’expliquer pourquoi ce groupe atypique et
artistiquement attrayant est obligé de produire lui-même ce disque ? Labels,
zines et même toi avec ce craquant de dix inutile au fond de la poche, get in
touch avec Saison de Rouille, et soutenez-les !
Ged
Red Beans & Pepper Sauce [Fra] "Eat me" MCD
(Autoprod) 2014
Hey, voilà une bonne
surprise dans le rayon blues rock plombé avec les Red Beans biterrois que l’on
a failli voir à Cahors cette année ! Ces trois compositions dégagent un feeling
de jam vintage, on sent une osmose qu’ont les baroudeurs du genre, on n’a
clairement pas affaire à des débutants (Ouch ce guitariste !!)… La voix de la
chanteuse apporte, au même titre que ce clavier vibrant, un côté soul séduisant
et pour appuyer bien comme il faut le côté pepper de cette galette on finit le
quart d’heure sur une étonnante reprise funky à donf’ du Ace of Spades des
dieux Motörhead. Et ça passe terriblement bien. On est du coup très curieux de
voir ça rapidement sur les planches, en attendant on ajoute une très chouette
couv’, un très bon son, et pour en savoir plus, v’là l’adresse à chécker pour
en manger:
Ged
Georgio The Dove Valentino [Usa] Mille plateaux DLP (Editions
Saint-Gilles de Rais) 2014
L’album du mois, sans
hésiter. Et un objet génial de par le soin qu’on lui a apporté. Il y a
là-dedans (ou là-dessus, sur quatre faces de cire noire) tellement de choses à
découvrir que c’en est fascinant. Si parfois on se retrouve à la périphérie de
plusieurs genres, par exemple la musique de films, la pop aérienne ou le folk
rock psyché-prog, c’est surtout au cinéma que l’on pense avec des titres comme
The Gift of fury qui évoque un giallo mis en musique par un Schifrin, ou encore
l’hommage à Chuck Berry à des années-lumière de ce que l’on attend, on croit à
un moment voguer en plein Tom Waits première époque ou à un autre dans l’esprit
décadent d’un Douglas Pearce et chacun trouvera évidemment d’autres noms à
dropper à qui mieux mieux en société. La chronique la plus compliquée à faire
depuis des siècles mais il y a à la clé un album passionnant, un prisme que
l’on ne cesse de tourner et retourner pour en découvrir les facettes, les
invités et les lieux d’enregistrement. Bravissimo.
Ged
Jo Dahan [Fra] C'était
mieux avant ! EP (Because Music) 2013
Pour préparer la sortie de l'album de Jo Dahan, Ma
langue aux anglais, on donne en pâture aux impatients ce 5-titres apéritif
d'une douzaine de minutes qui introduit à l'univers en solitaire de l'ex
bassiste de la Mano Negra, passé auquel il ne faudrait point limiter un
bonhomme qui a multiplié les expériences diverses, des Wampas à Tarmac en
passant par Gaëtan Roussel, la Royal Deluxe ou les fabuleux films made in
Groland. Au programme ici de la chanson en français alliée à un rock vitaminé
qui se décline en morceaux courts boostés de refrains efficaces et malicieux
(C'était mieux avant en est un bon exemple, Silence please aussi, matez donc
les clips très chouettes de ces morceaux sur votre fournisseur de vidéos
préféré !). On est curieux de découvrir tout ça sur scène tant il y a là un
potentiel de se remuer la couenne en chœur. Ce sera même encore mieux après !
Ged
Twister Cover [Fra] Machines CD (Twister Cover Asso)
2014
A la première écoute de ce premier album des orléanais
de Twister Cover on ne peut que taper du panard sur le sol tant le rock nerveux
de la formation fait souvent mouche, c'est peut-être ça les
"Machines" évoquées, celles qui déboule rythme carré en bandoulière
et que l'on ne peut s'empêcher de suivre dans leur marche inexorable. Sauf que
l' "automatisme" rythmique n'empêche pas les mélodies, omniprésentes
dans les dix compositions présentes sur le disque. Malgré des influences rock,
blues (Machines) et même pop-punkoïde parfois (Enemies, Get on stage, Cold as
ice, ...), le groupe présente un travail personnel livré dans un chouette petit
digifile, on aime particulièrement la voix hyper-présente et variée, ainsi que
la guitare en général, volubile et polyforme. Sans parler du surprenant morceau
"fantôme" aux relents électroniques et au rythme chaloupé entre funk
et disco glacée. Chouette disque.
Ged
VINTERSORG
Naturbål
Label :
Napalm Records
Neuvième
album en vingt ans d’existence pour le groupe suédois, mené d’une main de
maître par Andreas Hedlund. Ce dernier a mis de côté son groupe principal
BORKNAGAR, pour se consacrer à son projet perso Vintersorg. Le groupe évolue
toujours dans un monde folk, nous propose des mélodies atmosphériques
accompagnées de chant clair (dans sa langue natale) sur des variations de
thèmes très black metal pour certains, et assez prog metal pour d’autres. Le
chant si particulier d’Andreas vous entraine dans l’univers folk de Vintersorg avec
douceur, les refrains deviennent parfois entêtants. Les ingrédients sont les
mêmes que lors des derniers albums, Jordpuls et
Orkan, mais pas d’indigestion en vue.
Vintersorg offre encore un hymne puissant dédié à la Nature.
Boris